Le cours de l’or s’envole : +10 % en un mois, quelles sont les explications et les perspectives ?
Le cours de l’or a connu une envolée impressionnante ces dernières semaines. Entre le 20 août 2025, où il se négociait autour de 92 300 euros le kilo, soit 3 345 dollars l’once, et le 26 septembre 2025, où il approche désormais les 103 320 euros le kilo, soit environ 3 745 dollars l’once, cette progression représente a elle seule, une hausse de plus de 10 % et en seulement 4 semaines. Cette accélération, après un été relativement calme, interpelle investisseurs et analystes.
Cette hausse était-elle prévisible ?
Dans un article datant d’avril 2025, nous faisions déjà référence aux prévisions ambitieuses de Goldman Sachs et DoubleLine Capital, qui alertaient depuis plusieurs semaines sur la quasi-certitude, selon eux, d’un dépassement du cours de l’or au-delà de 3 700 dollars d’ici fin 2025 (voir lien). En prenant ces prévisions en compte, lorsque l’or est passé de 94 000 à 98 000 euros le kilo entre le 1er et le 5 septembre de cette année, il semblait presque certain qu’il franchirait rapidement le seuil symbolique des 100 000 euros le kilo — bien que, s’agissant de marchés financiers, rien ne soit jamais totalement acquis. Plusieurs événements sont venus conforter l’imminence de ces prédictions.

Du 22 au 24 août 2025, au symposium de Jackson Hole, Jerome Powell (président de la Fed) a laissé entendre que l’économie américaine ralentissait, renforçant ainsi les anticipations d’une politique monétaire plus accommodante. Le marché a commencé à parier sur une baisse prochaine des taux d’intérêt. Ce type d’événement tend toujours à soutenir les valeurs refuges comme l’or.
Dans ce contexte déjà porteur, l’attention des investisseurs s’est rapidement tournée vers les grandes banques d’investissement, connues pour leurs anticipations. Les prévisions publiées au début du mois de septembre n’ont fait qu’accélérer la dynamique haussière et renforcer la conviction que l’or s’engageait sur une trajectoire durablement ascendante.
Les annonces des grandes banques
Le 4 septembre 2025, Goldman Sachs publie un rapport réaffirmant ses prévisions d’un cours de l’or à 3 700 $ l’once d’ici la fin 2025. Quelques semaines plus tard, le marché leur donnera raison, l’or franchissant effectivement ce seuil symbolique. La banque anticipe également une progression vers 4 000 $ l’once d’ici mi-2026 dans un scénario plus global. Et dans un scénario extrême, elle prédit même que l’or pourrait atteindre 5 000 $ l’once en cas de perte de confiance dans le dollar ou de remise en cause de l’indépendance de la Réserve fédérale américaine.

Il est intéressant de rappeler que Goldman Sachs avait déjà anticipé cette flambée : elle faisait partie des premières grandes institutions à affirmer que l’or était appelé à dépasser durablement ses sommets, alors que beaucoup d’analystes restaient persuadés que le cours de l’or finirait par retomber après son record de 3 000 $ l’once atteint en mars 2025.
En parallèle, les tensions géopolitiques persistantes, une inflation jugée encore incertaine et l’appétit croissant des banques centrales pour diversifier leurs réserves hors dollar ont renforcé l’attrait de l’or comme valeur refuge.
Concrètement, que disent les grandes banques ?
La tendance est claire : les institutions financières de premier plan convergent vers une vision durablement haussière de l’or. Goldman Sachs anticipe une trajectoire autour de 4 000 $/once, avec un potentiel beaucoup plus élevé si la confiance dans le système monétaire international venait à être ébranlée. La Deutsche Bank partage la même vision, insistant sur la demande record des banques centrales.
JP Morgan se positionne également dans une fourchette similaire, misant sur la combinaison taux bas + incertitudes macroéconomiques pour maintenir l’or à des niveaux inédits.
Quelles perspectives pour les investisseurs ?
À court terme, le cours de l’or devrait rester soutenu. Tant que les marchés anticipent des baisses de taux de la Fed et que la demande institutionnelle demeure forte, l’or a toutes les chances de se maintenir proche de ses sommets historiques. Une nouvelle poussée haussière reste possible si un choc géopolitique ou économique venait s’ajouter à un paysage mondial déjà incertain.
À moyen terme (3 à 6 mois), si les banques centrales confirment leurs achats massifs et que le dollar continue de s’affaiblir, les objectifs avancés par Goldman Sachs et la Deutsche Bank autour de 4 000 $ l’once, voire davantage, apparaissent de plus en plus crédibles. Dans ce scénario, l’or pourrait consolider sa place comme l’actif refuge dominant face à l’instabilité monétaire et financière.

Cependant, lorsqu’il s’agit des marchés, la prudence reste de mise. Les investisseurs doivent rester attentifs aux signaux contraires : Un rebond du dollar, une inflation mieux maîtrisée que prévu, un regain de confiance dans les actifs plus risqués ou encore la fin ou le ralentissement de certains conflits géopolitiques mondiaux. En bourse, rien n’est jamais garanti, et l’histoire a souvent montré que les phases d’euphorie sont suivies de périodes de consolidation.
En un mois, l’or a rappelé pourquoi il demeure l’un des actifs refuges les plus surveillés au monde. La combinaison de taux d’intérêt en baisse, d’une demande record des banques centrales et d’incertitudes géopolitiques persistantes a propulsé ce précieux métal vers de nouveaux sommets. Si la tendance de fond reste haussière selon la plupart des grandes banques, les investisseurs devront garder à l’esprit que ce marché, aussi solide qu’il paraisse, peut être aussi volatile dans ses corrections que spectaculaire dans ses envolées.